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Tout feu, tout femme

La petite histoire...

 

Quitter les bottes parce que j'habitais trop loin de la caserne fut une décision douloureuse. Aujourd'hui encore, quand j'entends le deux-tons d'un fourgon, je ressens des papillons dans le ventre et l'envie de décaler, comme on dit chez les pompiers. C'est à la fois pour continuer cette merveilleuse aventure et pour rendre hommage à ces hommes et ces femmes qui sauvent des vies en bravant le danger chaque jour, que j'ai écrit Tout feu, tout femme. Ma plus belle récompense a été d'apprendre que sa lecture avait motivée une ancienne volontaire a reprendre ses bottes!

Quatrième de couv'

 

« Le fourgon s’ébranla avec huit pompiers à son bord. Elsa avala sa salive. La nuit était tombée, lui rappelant le départ du soir de l’accident. Elle glissa ses doigts dans la poche intérieure de sa veste de feu, pour sentir la photo de Yannick qui la rassura instantanément. Puis, elle enfila sa cagoule ignifugée, passa le masque autour du cou, avant de mettre le casque. Se retournant pour s’équiper du harnais de l’appareil respiratoire derrière elle, il ne lui restait plus qu’à enfiler ses gants. Elle était prête à combattre le feu. »

 

Ancienne sapeur-pompier volontaire, Julie Lezzie relate avec force détails et émotions les aventures d’Elsa, jeune pompière professionnelle, seule femme de la caserne à laquelle elle est affectée. Devant faire sa place dans ce milieu d’hommes, il lui sera difficile d’arriver à concilier vie professionnelle et vie amoureuse. Jusqu’au soir où une visiteuse inattendue frappe à la porte de sa chambre… Entre interventions et engagement, expédition humanitaire et romance, le rythme est soutenu et la vie d’Elsa, tout feu, tout flammes.

 

 

Extrait

« Elsa fila dans sa chambre, où elle déboutonna sa veste. Elle se débarrassa des rangers en rejoignant le lavabo. En voyant sa tête dans la glace, elle sourit. Comme à chaque fois qu’elle rentrait d’un feu, elle avait la figure striée de traces de suie bien grasse. C’était à cause de ses cheveux. Il y en avait toujours pour se faufiler en dehors de la cagoule. En repoussant mécaniquement de ses gants de cuir noirci les cheveux rebelles qui lui chatouillaient le visage, elle s’appliquait des touches de suie ici et là sur le visage. 
Elle se déshabilla et fila sous la douche. Comme d’habitude, tandis que l’eau en chassait les traces physiques et parfois psychologiques,

Elsa revivait l’intervention, passant en revue les points positifs et négatifs. Elle aurait dû boire pendant le trajet. D’habitude, en partant pour

un feu, elle buvait systématiquement, sachant qu’elle allait se déshydrater sur place. Aujourd’hui, le temps de faire passer les rangers dans le surpantalon pendant un trajet plus que chaotique, ils étaient pratiquement arrivés. Elle avait attrapé le masque, mis le casque, et s’était équipée de l’ARI derrière elle. Avant même de descendre du camion et de porter son équipement, Elsa suait déjà à grosses gouttes sous sa veste de feu. Sur les lieux, une grange crachait des flammes de cinq-six mètres de haut. Entendant une pétarade du diable, elle se retourna

et leva les yeux vers la toiture en éverite. Sous l’effet de la chaleur, celle-ci se désintégrait en morceaux, projetés en l’air tel un feu d’artifice. Tuyau sur l’épaule, elle courut rejoindre François dans les flammes. Une demi-heure plus tard, en sortant de la grange, elle avait beau s’être fait arroser à plusieurs reprises par son coéquipier pour faire baisser la température interne, elle se sentait aussi déshydratée qu’un papier buvard. La bouteille d’air comprimé commençait à peser sur son dos. Même entraînée, le port de l’ARI restait éprouvant. Le harnais rigide ne rendait pas le travail facile, et sa lourdeur la handicapait sérieusement. De retour au camion, elle déclipsa vite le masque et se débarrassa du harnais sur la banquette. Puis, elle ouvrit grand la veste de feu et arracha son casque avant de se jeter sur une bouteille d’eau. Après en avoir bu un bon tiers, elle se versa le reste sur la tête. L’eau froide coulait le long de la nuque, du cou, se mêlant à la transpiration qui avait déjà collé ses vêtements au corps, s’insinuant dans son soutien-gorge, provoquant un frisson. Mais les véritables sueurs froides, elle les eut un quart d’heure plus tard, en déblayant la grange. Pensant avoir évité le pire, ayant réussi à circonscrire le feu avant qu’il ne se propage à la grange voisine accolée à la maison et remplie de ballots de paille, les pompiers avaient eu la surprise de découvrir parmi les gravats une vieille bombonne de gaz, bien planquée dans le seul coin qui avait été épargné par les flammes. Mais ce n’était pas la première fois qu’Elsa avait échappé à la mort. » 

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