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Passerelles

La petite histoire...

Passerelles, initialement publié en 2006 aux Editions Gaies et Lesbiennes alors dirigées par Anne et Marine Rambach, est mon tout premier roman, et reste à ce jour le plus vendu.

Initialement nommé "Au-delà des mots", il parle de différences – culturelles, linguistiques, intellectuelles – et invite à les dépasser. L’histoire d’amour entre Justine, enseignante spécialisée, et Sarah, prof sourde de confession juive, avec en toile de fond le quotidien d’une classe d’enfants dits inadaptés, est un hommage à l’ouverture de cœur et d'esprit. Son écriture aura été pour moi très enrichissante, ayant fait beaucoup de recherches et même appris les bases de la LFS pour entrer dans le milieu des Sourds. Il a été mis à jour et réédité par Homoromance Editions en 2019.

Quatrième de couv'

« Justine emprunta l’escalier et se retrouva nez à nez avec Sarah au premier étage. Ne sachant pas quoi faire d’autre, elle s’approcha pour lui serrer la main. Cette impression étrange l’envahit à nouveau, elle était comme dans un rêve. Sarah lui fit un grand sourire, la dévisageant avec insistance. Quand elle plongeait ses yeux sombres dans les siens, on aurait dit qu’elle sondait son âme. Justine retenait sa respiration. Il lui semblait qu’elles se serraient la main depuis une éternité, les yeux dans les yeux, lorsqu’un homme apparut dans l’encadrement d’une porte, annonçant : « Le cours de LSF va commencer ! »

Justine revint brusquement à elle. La main de Sarah glissa soudain hors de la sienne, et la jeune femme descendit hâtivement les escaliers. Une fois en bas, elle s’arrêta, se retourna et lui lança un regard furtif avant de disparaître. Justine se dirigea vers la salle de classe où les autres avaient disparu. Il lui tardait à présent d’apprendre la langue des signes. »

 

Justine, enseignante spécialisée, est passionnée par son métier. A la rentrée, elle retrouve sa classe d’enfants pas comme les autres et fait connaissance avec ses nouveaux élèves. En accueillant Olivier, autiste et sourd, elle ne se doute pas un instant que cela bouleversera sa vie. Passerelles est le premier roman de Julie Lezzie.

 

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Extrait :

"- Je vous présente Sarah Zylberbaum, le professeur d’Olivier.

En voyant Justine, la jeune femme sembla amusée, puis se tourna vers sa supérieure qui entama un grand dialogue gestuel. Tandis qu’elle se faisait expliquer la raison de sa présence, elle hocha la tête plusieurs fois d’un air entendu, jetant de brefs regards vers Justine, et se mit à signer à son tour. La directrice traduisit :

- Je suis contente de vous rencontrer, je voulais vous montrer le travail d’Olivier. Il est vraiment très doué pour les maths.

Sarah farfouillait dans un tiroir.

- Il n’a pas de problèmes pour suivre, comme dans les autres matières ? demanda Justine. Après un échange de signes, la directrice répondit :

- Non, au contraire : il a déjà assimilé le programme du premier trimestre. Il est très rapide ! Sarah lui tendit un cahier rempli d’exercices tous notés 20/20.

Pendant que Justine parcourait le cahier, Sarah l’observait du coin de l’oeil. Elle la trouvait attirante, sans savoir pourquoi. Peut-être était-ce sa simplicité, dénuée d’artifice. Elle semblait franche et sincère, était vêtue sans prétention. Pas de bijoux, pour autant qu’elle pouvait voir, mis à part une large bague à l’index gauche et un anneau au pouce droit. Elle avait de très belles mains bien proportionnées aux doigts fins, se terminant par des ongles bombés coupés court. Dommage qu’elles ne parlaient pas son langage, pensa-t-elle, avec une pointe d’amertume.

Justine releva la tête et souffla sur la mèche tombée devant ses yeux.

- Et avec les autres, comment se comporte-t-il ? demanda t-elle, ses yeux rivés dans ceux de Sarah.

Celle-ci fut obligée de tourner la tête pour suivre la traduction aussitôt assurée par la directrice. Elle répondit avec une série de signes qui n’avaient pas beaucoup de sens pour Justine, qui se demandait comment diable elle serait capable de comprendre un jour cette langue. Sarah cessa de signer, et plongea à nouveau son regard dans celui de Justine, un petit sourire énigmatique aux lèvres.

- Il ne communique pas avec les autres élèves et refuse tout contact avec eux. Il n’aime pas être surpris, par un geste inattendu ou un changement de programme.

Elles s’observaient, perdues dans la contemplation l’une de l’autre. Le regard de Justine glissa le long du corps de Sarah pour mieux le détailler. Elle était menue, plus petite qu’elle. Elle portait un jean noir qui semblait avoir été cousu sur elle, et un chemisier bordeaux, dont le cintrage soulignait à la fois sa taille et sa poitrine. De longs cheveux bruns tombaient dans son dos. Ses sourcils rebelles donnaient un air mutin à ce visage féminin. Ses yeux aux longs cils maquillés étaient si foncés qu’ils se confondaient avec la pupille. Cela lui donnait un regard profond et envoûtant. La directrice ne remarqua rien de la tension qui s’était installée entre les deux jeunes femmes qui, à défaut de pouvoir communiquer, s’étaient comprises d’un simple regard."

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